Une année 2022 sous l'influence du DODECAUDAX

2022 une année DODECAUDAX par Saint-Clair Maclet

Le "dodecaudax" c'est quoi ?

Après une année 2019 bien remplie avec plusieurs longues sorties ainsi que le B.R.A. et le Paris Brest Paris en point d’orgue, 2020 s’est déroulée sous le signe du confinement et l’annulation de toutes les manifestations. 2021 sur qui je fondais beaucoup d’espoirs fut du même tonneau. Fin 2021 je n’imaginais pas une nouvelle année sur le même modèle.

Bien qu’ayant en tête une diagonale, longuement réfléchie et préparée je n’arrivais pas à me décider pour me mettre en route. Il faut dire que sauf changement récent, ce n’est  pas simple. Il faut envoyer le parcours sur papier avec des horaires relativement précis pour qu’il soit validé. Il faut indiquer son heure, son jour et heure de départ à l’avance afin de pouvoir être éventuellement accompagné par des cyclos habitants le long du parcours. Je ferai sans doute tout cela un jour, mais cette année je ne voulais pas me casser la tête. Reste que la validation dans un commissariat au départ et à l’arrivée, de même que le tampon d’un commerçant pour les points de contrôle sont incontournables, le délai de réalisation fixé aussi bien sûr.

Le vieux cycliste que je suis use du GPS et préfère partir rouler un jour où il ne pleut pas (une fois parti on s’arrange de tout), ça n’a l’air de rien mais pouvoir modifier son jour de départ en dernière minute ajoute de la souplesse de ce coté là.

Fin 2021 en parcourant le site de la FF Vélo, je vois qu’il est possible de se faire plaisir sans trop de contraintes en souscrivant au défit personnel du DODECAUDAX. A l’évidence, c’est beaucoup moins contraignant que pour une diagonale car cela s’appuie principalement sur l’honnêteté du participant…

Un 200km ou plus chaque mois sans être dans un peloton, à la vitesse que l’on veut, le jour que l’on veut, de préférence sans pluie (pour moi, une fois seulement) mais je n’ai pu échapper au gel.

Après réflexion je me lance le 25 janvier, il fait beau et froid (mon GPS m’indiquera -6°C ) mais il fera bon dans la journée, j’ai opté pour le parcours du 200km 2022 de Cahors. Parti de nuit de la maison, je rentrerai de nuit au bas de la côte de Peyrolis où Catherine viendra me chercher. Je suis gelé et fatigué mais tout va bien.

Le deuxième, le 22 février, sera une randonnée allant de Cahors à Limogne puis Villefranche de Rouergue , ensuite direction Figeac en passant par Capdenac. Le retour se fera par une boucle nord et un passage par Labastide Murat (ensuite cela descend beaucoup). Le temps, beau évidemment et froid sans excès.

Catherine viendra me prendre au boulodrome en bas de la côte de Peyrolis (fou mais pas trop).

Lorsque nous habitions dans l’Aisne j’avais l’habitude d’aller sur les côtes de la Manche, je faisais cela alors que Catherine travaillait encore et que j’avais pris ma retraite,,145km au plus court pour l’aller, 290 une fois rentré. Cela m’a donné l’idée d’aller à Mimizan pour y passer quelques jours, Catherine m’y rejoindrait en voiture dans la journée.

Ni une, ni deux, le 17mars, en selle à 5h45 me voici parti pour 250km par Trespoux puis la D653.Je quitterai les “grands axes“  à Villeneuve sur Lot pour rouler sur la droite du Lot et non plus sa gauche et cela jusque Aiguillon. Me voilà traversant le Lot puis la Garonne pour me diriger vers  Damazan, Villefranche du Queyras, Casteljaloux, Gisco, Sore et Labouhere, j’arriverai à l’hôtel à Mimizan 10minutes avant Catherine qui a fait sur la fin de son trajet le même parcours que moi au cas ou ? (elle est partie vers 13h). L’hôtel labellisé “accueil vélo“ est à 150m de la mer, sympa, bonne table, peu cher mais un peu bruyant.

La 4^ème  manche de mon Dodecaudax, sera faite le 23 avril lors du BRM 200 de Cahors. Mes vœux, de couvrir la distance tranquillement ont été bousculés par une triathlète qui m’a déposé dans la côte de Faycelles, ahh… amour propre. Après une pose en sortie de Figeac, la montée vers Latronquière et le retour sur Cahors furent menés bon train en compagnie de la féminine et 2 autres triathlètes à prêt de 27km/h. Le déluge s’abattant sur nous cet après-midi là et la fraiche température n’ont en rien freiné nos ardeurs. En bon capitaine de route Nicolas Campan regardait tout cela de loin.

Le 5^ème épisode aura lieu les 7 et 8 mai sur le 400 de Caussade, un très bon souvenir alors que je déteste rouler la nuit, un départ à 19h et une super nuit à rouler en compagnie de jeunes et moins jeunes tous très sympathiques, très bonne ambiance de route. Une soupe sous la halle de Grenade à 1h du matin et un repas de fête chez Serge Dutouron à 3h. Que du bon.

 Après m’avoir conduit au départ la veille, Catherine me récupérera le lendemain à Caussade, prévenue de mon arrivée.

Le 11juin, 6ème étape de mon Dodécaudax, direction Tautavel lieu du séjour club de cette année.

 Parti à 4h30, les premiers kilomètres pour rallier La Française sont bosselés, les portions plates arrivent ensuite pour rejoindre Toulouse puis Limoux. En cours de route je manque me faire tabasser par un cyclo en COLNAGO qui roule à gauche derrière sa femme sur un vélo pour faire les courses (comprendre commissions) et donc face à moi. J’ai eu le malheur de lui faire remarquer qu’il devrait être à droite …  Il fait demi tour me rejoint rapidement, me double, pose son vélo au sol me bloque . Impuissant, ma P***** de chaussure droite ne veut pas se détacher, il m’attrape par le col et se prépare à me cogner avant de se raviser. J’ai reçu à ce moment là des insultes et des postillons plein la figure comme jamais, c’est moins dur qu’un coup de poing, je m’en suis bien tiré... Sa femme a continué sa route, le rustre d’au moins 1.8m et bien plus de 100kg s’en retourne. Après ce contre temps fâcheux, plus tard avant Limoux suite à un saut de chaine, je m’arrête en bord de route et alors que j’allais repartir une voiture s’est mise à ma hauteur pour me demander si tout va bien, si je ne manque de rien et si j’ai suffisamment à boire, réconfortant non?

 A ce moment là tout allait bien. A la sortie de Limoux après un arrêt pizza, Catherine, partie vers midi, me rattrape et me ravitaille en eau fraiche, suite à cela je quitte la nationale et m’engage sur les petites routes via Bugarach, il me reste environ 60km à faire. Malgré la forêt la chaleur devient pénible, de plus j’ai sûrement roulé trop vite en bord de canal. Je finirai rincé après cette sortie de 293km couverte à 23km/h mal gérée avant Toulouse.

La 7^ème sortie s’impose d’elle-même, après avoir hésité un temps en début d’année je me suis inscrit à Alliénor d’Aquitaine, 1200km du 4 au 7juillet à réaliser en 90h avec l’Aubisque à mi-parcours.

 En fin de première journée au km 312, je n’ai pas su résister aux sirènes d’une douche, d’un bon repas et d’un bon lit. Je n’ai malheureusement pas pu honorer le repas, incapable que j’étais d’avaler du solide.

 Merci à nos amis Marie-Ange et Claude de Siorac qui m’ont accueilli chez eux ce soir là. Reparti à 2h du matin j’abandonnerai au bout de 200km au Hougha, affamé mais toujours incapable d’avaler du solide. Avoir vu un participant abandonner pour les mêmes raisons 100km plus tôt à Agen a peut-être inconsciemment  influencé ma décision. Gilles rejoint à Montpazier s’arrétera aussi, Il est 14h, 510km ont été fait…

 Catherine viendra nous récupérer et déposera Gilles à St-Médard en Jalles avant de rentrer à Cahors. Dans la voiture Gilles et moi n’avons pas dormi et nous avons analysé et refait le match jusqu’à plus soif pour savoir ce qui a cloché.

8^ème épisode, c’est le mois d’août, presque 2mois se sont écoulé depuis le dernier 200 (510 en réalité), un de mes gendres présent à la maison avec qui j’ai roulé un peu me signale que le mois se termine et qu’il serait bon de s’y mettre au risque de faire capoter le challenge. A cours d’inspiration et dans la crainte d’un circuit trop difficile, je table sur du connu, le 200 cadurcien de 2019, plutôt facile de mon point de vue.

Départ le 28 août à 5h50, il fait beau, peu de vent tout est parfait. Mon  gendre Rémi ne s’est pas joint à moi, ce n’est pas dans ses cordes, beaucoup trop long, c’est un cyclo occasionnel, il ne viendra même pas au devant de moi, préférant la piscine.

Je suis sur des routes plusieurs fois parcourues et y suis à mon aise, tranquille. Le midi je mangerai en bas de la cote qui précède Gourdon.

Un deuxièeme arrêt en bord de rivière à St-Sylvestre sur Lot pour manger une grappe de raisin achetée sur place et c’est reparti. Il y a une cote sévère pour sortir du village mais après c’est du vallonné, excepté l’arrivée et la sortie de Tournon d’Agenais qui ne sont pas faciles. Mon dernier arrêt à Bessière sera perturbé par un autochtone qui m’a demandé si je me plaisais ici et s’est vexé parce que je lui ai dit qu’ici tout était beau et bien conservé car rien n’a été bombardé et qu’on ne voit pas de cimetière militaire Anglais, Américain, australien, allemands et autres tous les 10km.

Je suis rentré vers 15h30 au moment des plus fortes chaleurs (38°C ce jour là), plutôt sympathique cette journée.

Pour le 9^ème épisode Rémi et Romain, un autre de mes gendres habitant de Lyon me suggèrent de faire le Grand Tour de Lyon qui sera organisé le 24 septembre, Soit 200km, 8cols et 3500 de D+ en 12h max ou alors 400km, 14 cols et 6800 de D+ en 26h.

Même le 200 ne me parait pas possible en 12h vu le dénivelé. Après réflexion je m’inscris quand même à cette couteuse sortie (100€), si je dépasse le temps imparti ça n’a pas d’importance.

 Sont “offerts“ des manchettes et 2 bidons. Le vélo est contrôlé la veille, état des pneus, des freins, éclairage, couverture de survie, 2 chambres à air, 2 bidons pleins et téléphone chargé sont obligatoires. Un tracker de  route est fourni par l’organisation avec un bouton de secours en cas de besoin. Malgré de gros moyen et une pub rondement menée, seule une centaine de participants sont inscrit en tout sur les 2 parcours. Je suggère à l’un des organisateurs d’allonger les temps style FFVélo  s’il veut plus de monde l'année prochaine et non que des triathlètes longue distance. Il me rit au nez et me dit faire le 200 cool à 25 de moyenne…

On ne roule pas dans la même catégorie…

Le lendemain je pars depuis Gerland dans le 3 ou 4^ème groupe de 6 vers 7h10 (interdit de rouler en peloton de plus de 6 personnes). Gag, après quelques kilomètres de ville et de routes cabossées, mon cintre et ma sacoche penchent de plus en plus vers l’avant. Je dois m’arrêter pour resserrer mon guidon, le support sacoche me gène pour accéder aux vis de la potence, cela me fait perdre un petit quart d’heure pour rebloquer le tout.

Direction Condrieu et les premiers lacets aux pentes très raides au début dans les vignes, je rattrape un cyclo rencontré la veille qui roule en mono plateau, 40 devant, 11- 42 derrière, impressionnant. Il est inscrit sur le 400. Nous discutons et faisons un bout ensemble, je lui dis que j’ai du mal à changer de rythme, surement l’âge et qu’il se peut qu’il me lâche à un moment ou que je le lâche à un autre, mais que c’est sans importance pour moi qui suis habitué à rouler seul.

 Cela évoqué, il fait une pose plus loin et m’abandonne,; il me reprendra et me larguera plus tard dans la matinée. Après le ravito au km 100 je le rejoindrai et nous ferons de nouveau route ensembles sur une trentaine de kilomètres avant que je ne sois lâché de nouveau dans un faux plat. Il fait un temps formidable, très différent de la veille ou il a plu abondamment. La route mouillée a provoqué le matin des chutes dans la descente du premier col, j'y ai croisé un gars qui se faisait bander le coude droit, plus loin un bouchon, un cyclo est à terre, entouré de bénévoles dans l’attente de l’ambulance; il se dit médecin et pense ne rien avoir de cassé mais souffre beaucoup du bassin.  Je repars et croise non loin l’ambulance en route pour le secourir, merci le tracker.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                           En haut du dernier col Catherine est là avec ma fille ainée Clotilde et les petits enfants Paul et Jules, à peine un ralentissement et je passe non stop car le temps est compté, on se verra tout à l'heure.

                  Haaa ce chrono...!

Descente compliquée au début dans les voitures (retour de sortie en foret des Lyonnais) puis la banlieue et ses feux de signalisation et enfin Lyon et sa circulation.

Depuis le début de la descente je suis de nouveau en compagnie de Thierry que je n’ai pas vu arriver et d’un 3^ème larron. Nous roulons dangereusement vite tout en respectant la signalisation. Thierry nous quitte à Tassin pour se diriger vers le deuxième ravito pour le 400, il abandonnera sous un orage au km 260.

A 3km du but, je me prends une terrible averse et me trompe de chemin au sortir du tunnel de Croix Rousse je prends à droite sur les boulevards au lieu d’à gauche par la piste cyclable qui passe dessous le tunnel et longe le Rhône. Mon GPS n’est plus visible, surprotégé par un sac plastique transparent mouillé et embué tout comme mes lunettes. Mon téléphone sonne une première fois, je ne décroche pas puis une seconde fois, il me reste 5minutes pour être finisher, je me m’arrête et décroche. C’est Catherine, qui me dit que je m’éloigne de l’arrivée et qu’il me faut repartir vers le Rhône et le longer, l’info vient de Bénédicte la seconde de mes 3 filles qui me suis sur son ordi depuis le départ (le tracker).

Après avoir traversé une propriété non clôturée me voila enfin arrivé et j’ai droit à ma superbe médaille en bois après 12heures de route pile poil.

Etape 10, j’opte pour la reconnaissance du 200 cadurcien de 2023, beaucoup de cotes en début de parcours. Cela passe par Lhospitalet, Castelnau-Montratier, Montpezat de Quercy, Labastide de Penne , Puylaroque , Limogne, Cajarc, Figeac, Marcillhac et Cabrerets.

Une fois la cote de Faycelles passée ce n’est que du bonheur pour rentrer par la vallée du Célé. Très agréable et facile sur les 80 derniers kilomètres, idéal pour rassurer les débutants de la longue distance.

L’étape 11 aura lieu le 24 novembre.

 Par facilité ce sera une redite du BRM 200 de 2019, départ 6h44 de nuit dans le brouillard qui n’était ni invité, ni prévu. Stupidement je passe par la cote de Nouret en descente à 15 à l’heure sur les freins, je rallonge souvent au départ , pour s’il me prends l’envie de couper au retour afin d’avoir quand même la distance ; ca sert souvent à rien mais c’est psychologique. Je passe le pont Louis Philippe et plus loin sous la descente des Papes je manque de me vautrer au sol en roulant trop sur le côté, tout va bien mais l’alerte a été chaude. J’arrive à Labastide Murat 46 km de la maison au bout de 2h45minutes, c’est très lent, le brouillard était aussi sur mes lunettes. Il n’y a plus de brouillard et il fait jour depuis un moment. Il va falloir maintenant rouler car la nuit tombera tôt. Je casse la "graine" à Le Vigan puis repart, je tente de donner des nouvelles à Catherine mais mon téléphone est inopérant, rien ne passe sur wathsapp. Plus tard il sonne c’est Catherine qui vient aux nouvelles, tout va bien ça roule et comme il se doit il fait beau.                                                                                                                           Elodie notre benjamine m’avait encouragé à choisir ce jour ensoleillé. J’arriverai par Trespoux vers 17h, mon GPS indique 199.88km. Heureusement que je suis passé par Nouret.

Décembre arrive, nous sommes dans l’attente de la naissance du dernier petit fils, je laisse passer une belle journée en début de mois. Plusieurs dépressions ou journées incertaines se suivent avec brouillard ou pluie. Lucas nous a rejoint le 4 décembre, 3.88kg. En route pour Lyon, Lucas se port bien mais entre temps son cousin Paul est tombe malade, nous voilà gardes malade, Paul est ravi et nous aussi.

De retour vendredi 16 nous ne roulons pas le samedi 17, cela fait 2 semaines sans toucher un vélo.

Le lundi 19 décembre est prévu très doux sans pluie, je prépare rapidement un circuit sud-est  passant par Lauzerte, Lafrançaise, Montricoux, Puylagarde, Lalbenque et Lhospitalet. Je manque de vélo mais en roulant tranquille ça doit le faire.

Départ 6h35 de nuit sans brouillard, très beau parcours passant par les vallées de l’Aveyron et de la Bonnette, 2100m de D+ pour 206km. Une belle journée limite touristique. Arrivée vers 17h30 à la nuit, maintenant c’est la trêve des confiseurs.

Le bilan: Mon dodecaudax est maintenant terminé, 3000km couverts sans crevaison, juste 3 sauts de chaine et quelques incidents de GPS (j'en emmène toujours 2) et seulement 1 fois du gel et 2 fois la pluie.

Ma seule concession est d’avoir choisi les jours de beau temps chaque fois que c'était possible. Faire un 200 chaque mois n’est évidemment pas un exploit mais une contrainte dans l'agenda qu'il faut adapter en permanence en tenant compte de la météo, et un mois, c’est vite passé.

Un regret, avoir fait 2 fois certains parcours.

Je n’aurai sans doute pas pu le faire là où nous habitions précédemment car les températures y sont beaucoup plus froides au quotidien. Merci à Catherine pour le soutien et la logistique et aux filles qui m’ont indiquées les journées fastes pour faire ces 200 et chaque fois encouragé en cours de route.

Merci de votre lecture