Diagonale Brest-Menton

Publié le par CTCahors

Récit de la diagonale BREST-MENTON effectuée du 07/07/2005 au 11/07/2005 par Daniel ARNAUDET

Le jeudi 7 juillet 2005 à 02h00, je quitte BREST (29). Le ciel en partie nuageux laisse apparaître quelques étoiles. La température est quand même fraîche, environ 10°. Le vent est favorable.
Je quitte les faubourgs de la ville et après GUIPAVAS, je me retrouve seul dans la nuit noire, bien décidé à voir la grande bleue, à l’autre bout de la France. J’ai de bonnes sensations et à la lueur de mon phare halogène je file dans la campagne bretonne. Le relief n’est pas trop exigeant.
Ma première halte se situe à LANDERNEAU (29) que j’ai atteint après une vingtaine de kilomètres. Je poste la carte postale « DEPART » adressée au délégué fédéral chargé de suivre la progression de tout diagonaliste. Ensuite je prends la direction de SIZUN pour attaquer la montée facile vers le Roc Trévezel (349m). Dans la nuit tous les sens sont en éveil. Un bruit furtif à gauche, un battement d’ailes à droite, mais aussi des odeurs dont certaines sont nauséabondes et reconnaissables, telles celles des porcheries. Un peu de brume enveloppe le sommet du Roc Trévezel que je franchis au lever du jour.
Dans la fraîcheur matinale je descends assez vite vers CARHAIX-PLOUGUER. Je me dirige à ROSTRENEN (22), mon premier contrôle, où j’ai peine à trouver un commerce ouvert pour tamponner mon carnet de route. Finalement, je me tourne vers le bureau de poste où le responsable, affairé à réceptionner des sacs de courrier, appose le cachet au bon endroit. Je l’en remercie. Depuis CARHAIX la pluie a fait son apparition et elle m’accompagne sur une bonne quarantaine de kilomètres. Le moral est là, le coup de pédale est bon et le relief n’est pas trop dur.
Je me dirige vers PONTIVY (56) que j’ai traversé en franchissant la rivière Le Blavet. La région est verdoyante. J’atteins JOSSELIN (56), où le château des Rohan se reflète dans l’Oust. Quelques kilomètres plus loin et après quelques bosses raides, je m’arrête pour le deuxième contrôle au ROC SAINT-ANDRE (56). Je m’accorde un petit moment de détente et j’en profite pour me restaurer.
Ensuite, par la vallée de l’Oust je rejoins REDON (35), toujours poussé par un vent favorable. La route est agréable et pas beaucoup fréquentée. Il ne pleut pas. La température est bonne. Le soleil se montre peu.
Jusqu’à ANCENIS (44), c’est-à-dire jusqu’à la Loire, c’est pratiquement tout plat. Le train est bon. Je traverse ce fleuve presque à son embouchure tout en sachant que je le retrouverai à sa naissance.
Après, pour rejoindre JALLAIS (49), terme de ma première étape et troisième contrôle, ce n’est que montées, raides parfois, et descentes. J’y arrive à 18h35 et au bout de 359km de chevauchée, satisfait de cette première journée.
Le vendredi 8 juillet 2005, je repars à 03h20, toujours dans la fraîcheur, mais sans pluie. La traversée du Maine-et-Loire et du Poitou est une partie vallonnée. Il faut ménager sa monture. A NEUVILLE-de-POITOU (86), aux portes de POITIERS, c’est mon quatrième contrôle. J’en profite pour adopter une tenue plus légère car le soleil se montre et il fait chaud.
Le FuturoscopeJe rejoins CHAUVIGNY (86), via Jaunay-Clan et le Futuroscope.
La route n’a de cesse de monter et de descendre. A LUSSAC LES EGLISES (87), je pointe mon cinquième contrôle. Dans un paysage verdoyant, forestier et bocager, j’atteins LA SOUTERRAINE (23). En ville je contourne l’église édifiée aux 13ème et 15ème siècle pour aller chercher la route de BOURGANEUF (23). Pendant 20mn je tourne en rond pour trouver la bonne direction. Même des passants ne peuvent me renseigner. Malgré la carte routière, c’est en déviant légèrement mon parcours que je réussis à retrouver le bon chemin.
Dans un paysage de collines boisée j’arrive à BOURGANEUF (23), terme de ma troisième étape (292km) et de mon sixième contrôle. Il est 18h05. Cette ville est bâtie sur un éperon qui domine la vallée du Taurion. L’accès à la ville est pentue et un peu de repos me fera du bien. Cette journée fut une bonne mise en jambes pour le lendemain. Le moral est toujours bon.
Le samedi 9 juillet 2005, je quitte cette cité à 01h20 en direction du lac de Vassivière. Au petit matin, et encore mal réveillé, la sortie est plutôt corsée. Je mets tout à gauche. Heureusement cela ne dure pas mais jusqu’à Royère de Vassivière ce n’est pas plat. En plus il fait frais et humide. Il fait vraiment noir et je me sens vraiment seul. C’est à partir de là que j’attaque le plateau de Millevaches jusqu’à LA COURTINE (23) par le col de Massoubre (815m). Certes je ne verrai pas grand chose du paysage en cette heure matinale. Je trouve très peu d’habitations.
Aux premières lueurs du jour, la fatigue m’envahit et je ne cesse de bâiller. Heureusement j’arrive à USSEL (19), où à 06h00, je trouve une boulangerie-café pour me restaurer. Un chocolat chaud et deux croissants suffisent à me redonner de la vigueur.
C’est après un parcours plutôt descendant que j’arrive à BORT LES ORGUES (19), le septième contrôle, par une belle et longue descente de laquelle on domine le gigantesque barrage bâti sur la Dordogne.
La sortie de la ville est assez raide et ensuite, c’est par une magnifique petite route, peu fréquentée, que je remonte la vallée de la Rhue, jusqu’à CONDAT (15) belle cité thermale. Le soleil est là mais la température n’est pas élevée.
J’atteins ainsi le plateau à MARCENAT (1030m), qu’un vent favorable balaie. La montagne à vaches est bien nommée, car de nombreux troupeaux paissent dans les pâturages. Ensuite c’est près de 30km de descente jusqu’à NEUSSARGUES (15) via ALLANCHE; avant de remonter en face, sur le plateau. J’atteins SAINT-FLOUR (15) à 833m d’altitude. J’y arrive par la vieille ville haute. J’effectue mon huitième contrôle et j’en profite pour me restaurer. Ensuite cap sur la ville basse par une descente large et rapide.
Je poursuis ma route sur un terrain toujours accidenté à travers la Margeride où les côtes ne sont pas trop pentues, mais interminables, via RUYNES-EN-MARGERIDE et PAULHAC-EN-MARGERIDE. La pluie, pas très forte, a fait son apparition ; le vent tourbillonnant est souvent contraire. La sortie de SAUGUES (43) est très dure avec ensuite un interminable faut plat montant, suivi d’une longue descente rapide sur MONISTROL-D’ALLIER (43), où je passe sur un viaduc enjambant cette rivière. Je me dis que les quatorze derniers kilomètres me séparant de la fin de l’étape vont être corsés. Effectivement, dès le passage du viaduc, la route s’élève avec un bon pourcentage. Sans m’affoler, je trouve un braquet adapté et, petit à petit, je grignote les kilomètres.
Je négocie difficilement le sommet, un faux plat montant. Enfin j’arrive à mon neuvième contrôle, BAINS (43), à 1000m d’altitude, aux portes du PUY-EN-VELAY et terme de cette étape. La journée a été rude et les jambes me font mal. Mais il faut prendre un peu de repos. Il est 18h45, j’ai parcouru 281km et il fait soleil.
Le dimanche 10 juillet 2005, à 03h30, je quitte BAINS. Le coup de pédale n’est pas très franc. Les muscles sont encore endormis. Après avoir quitté la large route du PUY-en-VELAY, je bifurque à gauche pour un itinéraire, certes plus tranquille, mais sinueux et casse-pattes. Je traverse la Loire non loin de sa source. Je remonte vers MONASTIER-sur-GAZEILLE (43) encore endormie, dans la fraîcheur humide.

Tout doucement, je me dirige vers le Mont Gerbier de Jonc (1551m). Le temps est humide, il fait froid (7° au sommet), le vent est fort et parfois contraire. Il y a de la brume, voire quelques nappes de brouillard, notamment dans le village LES ESTABLES. Je suis satisfait d’avoir atteint le Mont Gerbier de Jonc. Malheureusement le beau temps n’est pas là. Une couronne de brume entoure le sommet. Je ne m’arrête pas longtemps car l’impression de froid est vive. Elle sera d’autant plus accentuée que la descente vers PRIVAS est longue (47km environ). J’y pointe mon dixième contrôle et j’y prends un petit déjeuner réparateur. La température est plus clémente.

Mont Gerbier de JoncJe reprends la route par CREST (26) et son donjon, et DIE (26). Le soleil a fait son apparition et c’est avec plaisir que je me dévêts. En remontant la vallée de la Drôme, bien asséchée en cette saison, je peux admirer les contreforts du Vercors et les vignobles plantés jusqu’au pied de la montagne. De nombreuses caves où se prépare la clairette de DIE jalonnent la route.
Par cette vallée tranquille je pédale bien et cela me donne le moral. Sans trop de problèmes j’arrive à LUC-en-DIOIS, objet de mon onzième contrôle. Après 3km, je franchis une petite difficulté, Le Claps et le saut de la Drôme. Le Claps est un chaos de blocs dû à un effondrement de la montagne. Les rochers ont barré la vallée e la Drôme et formé deux lacs qui sont asséchés. La rivière franchit cet obstacle par deux cascades qui sont spectaculaires. Des amateurs de « grimpe » se frottent aux blocs et c’est assez impressionnant.
col de CabreJ’arrive à BEAURIERES, au pied du col de Cabre (1180m), dont le sommet est à 10km. Je le franchis bien, sous la chaleur quand même. Une petite halte rafraîchissement et c’est reparti pour une longue descente vers SISTERON. Le ciel est menaçant ; un gros nuage noir chargé de pluie arrive sur la gauche. Avec le vent dans le dos, le poids des bagages, l’allure est bonne et je parviens in extremis à passer à travers les gouttes.
J’arrive à SISTERON (04) à 18h30 et après 278km, satisfait et de plus en plus confiant pour la fin de cette randonnée.
Le lundi 11 juillet 2005 je quitte SISTERON à 04h00. Le ciel est clair, la température est bonne, environ 15°. La journée s’annonce belle.
C’est par la route Napoléon, en direction de DIGNE que je file à bonne allure. Avant DIGNE-LES-BAINS, je bifurque à droite pour rejoindre BARRÊME (04). Cette petite route, peu fréquentée, est bordée de champs de lavande qui sentent bon. Avec les premiers rayons du soleil, les cigales chantent.

A BARRÊME, direction ST-ANDRE-les-ALPES par le col des Robines (988m), sans grande difficulté. Après avoir longé quelques kilomètres le beau lac de Castillon, direction ENTREVAUX (04) et la vallée du Var. Le passage du dernier col, Entrevauxle col de Toutes Aures (1120m) est assez facile. Col de Toutes AuresC’est avec une certaine excitation que j’attaque les derniers kilomètres. Jusqu’à NICE c’est pratiquement de la descente. Je marque quand même une pause à ENTREVAUX, où j’admire cette ancienne cité Vauban.

Je suis la vallée du Var qui coule très peu. Je passe à PUGET-THENIERS (06) et au pied de VILLARS-SUR-VAR. Le passage dans le défilé du Chaudan est impressionnant, notamment dans les tunnels, car le trafic routier est de plus en plus intense. Je regarde bien devant moi et je suis plus vigilant.
L’arrivée sur NICE, dans le flot de la circulation se fait sans trop d’encombres. Heureusement les routiers se sont arrêtés pour déjeuner. A 12h40, je poste la carte postale «ARRIVEE» .
Puis, tranquillement, je roule sur la piste cyclable qui longe la promenade des Anglais. J’en profite pour admirer la mer et la plage. J’envie ceux qui se baignent. Tout au bout, par la basse corniche je me dirige vers MENTON, terme de ma randonnée.
Il n’y a pas de difficultés majeures si ce n’est l’état désastreux du revêtement. Il y a un peu de circulation mais pas de camions. Le trafic le plus intense est à MONACO, peut-être à cause de l’intronisation de ALBERT II qui doit avoir lieu le lendemain. J’ai roulé sur une partie du circuit du grand prix automobile, notamment dans le tunnel et sur le tracé de la grille de départ. Mais je ne suis pas passé aussi vite.
J’arrive enfin à MENTON, où je pointe au commissariat de la ville mon carnet de route à 14h30. Pour cette dernière étape j’ai parcouru 210km.
Voilà c’est fini. Je suis content et satisfait d’avoir réalisé cette diagonale. Certes je n’ai pas beaucoup dormi, mais je savoure cet instant et je me dis que les heures de préparation n’ont pas été vaines.
J’ai parcouru 1420km en 108h30.

PREPARATION

J’ai abordé la diagonale avec 6400 km
Auparavant j’ai réalisé:
  • un brevet de 150km,
  • un brevet de 300km,
  • un brevet de 350km,
  • une sortie montagne de 132km (Aurillac – Super Lioran (1294m) – Col de Perthus (1309m) – Pas de Peyrol (1588m) – Col de Legal (1229m) – Aurillac),
  • 10 jours avant le départ j’ai parcouru 700km sur 4 jour, 2 fois deux jours séparés de 2 jours de repos. Parcours vallonnés entre Lot et Dordogne.

CONDITIONS ATMOSPHERIQUES

  • Temps couvert et pluvieux au départ.
  • Température idéale pour cette randonnée.
  • Vent favorable sur la majorité du parcours.

INCIDENTS DE ROUTE: néant

ALIMENTATION

Liquide:
  • Eau pure avec alcool de menthe,
  • boissons sucrées aux haltes,
  • eau gazeuse en fin d’étape.
Solide:
  • Sandwiches (jambon, fromage)
  • Tartelettes, quiches, viennoiseries,
  • Barres énergétiques.

EQUIPEMENT

Vélo:
  • Vélo route cadre acier équipé d’une sacoche avant, d’une sacoche sur porte bagages arrière et de deux petites sacoches accrochées de part et d’autre du porte bagages arrière (poids total des bagages environ 8,5kg).
  • Développements : triple plateau à l’avant (42 – 34 – 24) et roue libre 9 vitesses (14 -15 – 16 - 17 – 19 – 21 – 23 – 25 - 28)
  • Eclairage : Phare halogène 6V-3W à l’avant alimenté par moyeu dynamo SHIMANO DH-3D70, efficace (peu de frottements lampe éteinte) doublé par éclairage à piles à l’avant. Deux feux rouge à diodes à l’arrière + chasuble réfléchissant (partie nocturne).
Vélo   moyeu dynamo

Publié dans Longue distance

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