Jean-Claude BERNARD un président qui aura marqué notre club
Bien que ne participant plus aux activités du club, je reste néanmoins licencié. Étant donné mon ancienneté de plus de 30 ans et mon implication de dirigeant durant 25 années, le président m'a sollicité pour écrire un article sur l'histoire du club.
Ce club vient de fêter ses 60 ans d'existence. Au cours de ces décennies, quelques hommes auront plus particulièrement marqué cette histoire. Je voudrais vous parler de l'un d'eux :
Jean Claude Bernard.
Durant une bonne dizaine d'années, il fut notre président et j'étais le secrétaire. A ce titre, on se voyait plusieurs fois par semaine et au fil du temps, notre relation s'est transformée en amitié. Sous son air débonnaire, Jean Claude a fait évoluer notre club, sans bruit et de manière efficace. Le C T C ronronnait quelque peu : il allait le booster !
Sa première volonté était d'augmenter les effectifs pour passer d'une soixantaine de licenciés à 100. Ce qui fut réalisé assez rapidement.
Et puis un jour, il me dit : nous sommes le chef lieu du département, nous avons vocation à organiser de grandes manifestations. Pâques en Quercy venait d'être créé (2 éditions avaient déjà eu lieu). « Il faut le faire à Cahors », me dit-il. Les cyclos étaient réticents, effrayés par l'ampleur de la tâche.
Il se faisait fort de convaincre les 100 bénévoles nécessaires durant les 3 jours. Les membres du bureau étaient d'accord et le comité d'organisation fut créé. Au fil des semaines, sa volonté a convaincu les cyclos qui, peu à peu, se portèrent volontaires. Les 100 seront atteints.
Un travail colossal fut fait. Il n'y avait aucun cahier des charges à cette époque et nous devions improviser et penser à tout jusque dans le moindre détail. La manifestation fut une grande réussite : 1500 participants sont repartis enchantés de leur séjour.
Je me souviens du lundi soir où, une fois tout le monde parti, les 100 bénévoles, bien qu'exténués par ces 3 journées, ne voulaient plus se quitter : nous avions préparé, nous même, 4000 repas et nous décidâmes de rester ensemble à la salle des fêtes pour terminer les restes.
Les liens s'étaient resserrés entre nous durant ces 3 jours où tous ont montré une solidarité et une entraide formidables. Jean Claude, un moment envahi par l'émotion de cette réussite, était heureux.
A cette époque, nous participions chaque année à une randonnée de 2 jours (Rando des lacs à Narbonne, Carcassonne-Font Romeu-Carcassonne, Montpellier-Vallon Pont D'arc-Montpellier, Figeac-Super Lioran-Figeac) et il voulait que nous organisions aussi une Rando de ce type.
On se décida alors pour Cahors-Aubrac-Cahors. Ce fut une nouvelle réussite mais cette randonnée de 400 kms, assez difficile, n'était pas à la portée de tous. On décida donc de la remplacer par Entre Lot et Dordogne.
Il aimait aussi les Pyrénées et on organisa 4 ou 5 jours dans les cols en septembre, sortie qui retrouve sa place cette année.
Puis on mis sur pied le premier voyage itinérant en Corse. Il me sollicitait chaque fois pour que je m'occupe des parcours, des hébergements et de l'intendance. Toutes ces organisations perdurent encore aujourd'hui grâce à ses successeurs. Qu'ils en soient remerciés.
Mais son idée la plus folle, son rêve absolu était d'organiser un jour la semaine fédérale à Cahors. Il faisait des plans sur la comète : « Tu vois on mettra les campings là, la permanence ici, etc. »
Nous avions contacté les différentes autorités et la mairie de Cahors était prête à nous suivre et nous relançait à chaque rencontre. Il m'avait convaincu, comme à chaque fois.
L'aurions nous fait ? Impossible à dire mais avec un homme pareil tout était envisageable !
Malheureusement, au retour d'une sortie à vélo, il a été percuté par une voiture. Il décédait quelques heures plus tard.
Ce fut un choc pour le club et une terrible nouvelle pour moi. Il venait de prendre sa retraite, peu de temps auparavant et il était plein de projets, pour le club et pour lui même.
Il venait de s'acheter un petit fourgon qu'il avait sommairement aménagé pour sillonner la France car il voulait s'attaquer aux B P F (Brevet des provinces Française) qui consiste à pointer une carte dans 6 sites historiques de chaque département Français.
Je l'avais suivi à la semaine fédérale d'Albertville et nous dormions dans cet abri précaire. Mais ça lui suffisait : il faisait avec ses moyens. Et puis, il voulait aussi faire la route de St Jacques de Compostelle et m'avait demandé de commencer à en étudier le parcours et les hébergements.
Tel était Jean Claude, dévoué, bon vivant, optimiste, diplomate. Il savait ménager les susceptibilités, aplanir les différents. Et, modeste, il ne cherchait jamais à se mettre en avant.
Après son départ, rien ne fut plus, pour moi, comme avant. Je garde, de cette époque, beaucoup de nostalgie mais j'en conserve les meilleurs souvenirs. Il reste présent en moi et je pense souvent à lui.
Nul doute que, s'il est au paradis des cyclos, il y aura retrouvé 2 autres personnages récemment disparus : Mimile Vaissière et Christian Cazes. A coup sûr, ces trois-là qui étaient des parleurs volubiles, n'ont pas fini de rigoler de leurs blagues. Qu'ils reposent en paix.
Alain ESCUDIE