Retour sur le BRM 300km du 24 mai 2014

C'est par un matin du 24 mai 2014 que dix valeureux cyclos sont partis, dès 04h00, pour effectuer un brevet randonneur mondial (BRM) de 300km, une boucle largement dessinée dans notre département.

L'accueil à La Barbacane ouvert dès 03h30 se remplit petit à petit. Qu'ils soient venus d'Orléans, d'Aurillac, d'Objat, de Saint-Affrique, de Gourdon, de Duravel, mais aussi de Cahors, chacun avait envie d'en découdre.

La remise des cartes de route solennise ce moment. L'heure matinale, voire très matinale pour certains, n'a pas entamé la bonne humeur qui règne dans le local, même pour Bob, néophyte sur cette distance, mais qui a minutieusement préparé son brevet.

Chacun s'équipe pour affronter la nuit. On vérifie si son casque est bien arrimé, si son éclairage avant et arrière est en bon état de fonctionnement, si ses sacoches ou son sac à dos pour d'autres, sont bien place. Et nous voilà en route pour cette longue aventure.

Un groupe de trois est parti devant, l'autre dans lequel je suis, démarre quelques vingt minutes plus tard. Les articulations ont du mal à se réveiller mais la côte des Evêques, telle une rampe de lancement nous propulse sur le parcours, mais pas comme une fusée quand même, il ne faut pas exagérer.

Des chevreuils, sentinelles de la nuit, sur les hauteurs de Laroque-des-Arcs, aboient. Y auraient-ils quelques chevrettes non loin ? La nuit nous enveloppe bien vite, nos éclairages modernes, bien performants, nous ouvrent la route. Et chacun, bien aligné pédale avec application, respirant les odeurs matinales. Dans cet univers les bruits s'amplifient, nos machines avancent sur ce fond sonore qu'elles émettent par le frottement des pneus sur le bitume et les tours de manivelles qui actionnent les chaînes. C'est un moment qui s'apprécie dans la nuit et ceux qui ont vécu ces instants ne l'oublient pas.

Au lever du jour la campagne se réveille. Quelques animaux s'enfuient à notre vue, tel ce renard qui passe juste devant nos roues et ces deux marcassins, après Balaguier-d'Olt, que nous dérangeons au moment où ils allaient s'abreuver dans le ruisseau sur notre droite. Nous avons craint que leurs cris n'alertent leur mère. Qu'aurions nous fait ? Heureusement point de laie à nos trousses.

Nous suivons ainsi la vallée du Lot jusqu'à Capdenac Gare (km80), premier point de contrôle. Sur ce tronçon sans difficulté, nous avons ménagé nos forces. Surtout ne pas rouler trop vite car il y a encore du chemin. 

Nous poursuivons notre route sous le soleil et atteignons Figeac sans encombre. Après avoir longé le Célé sur quelques kilomètres nous bifurquons à gauche et entamons notre longue montée dans le Ségala où nous atteignons le point culminant de notre brevet en franchissant le Pas des Aubiniés à une altitude de 654m.

Nos corps se réchauffent et nos mollets gonflent. Nous suons mais nous avons vaincu ce deuxième tronçon de 45km. La halte de Sousceyrac (km125) est la bienvenue pour ce deuxième contrôle. Notre ravitaillement embarqué nous redonne quelques forces autour du verre de l'amitié. Bob vient de nous rejoindre et ne quittera plus le groupe de cinq que nous formons.

Il nous reste encore du chemin à parcourir. La vue alentour sur les points hauts est belle et le regard porte loin. Quelques kilomètres après, la descente de sept kilomètres sans coup de pédales, nous récompense de nos efforts. Nous traversons Saint-Céré, Bétaille, et Vayrac, la dernière portion plate de ce circuit. A Saint-Denis-Lès-Martel les choses sérieuses reprennent. La côte des Mathieux n'est pas facile à digérer. C'est un petit col de 2km qui nous mène à Martel, cité aux sept tours. Petite halte déjeuner. Mon absence de sommeil la nuit passée commence à se faire ressentir, je perçois de la fatigue et j'ai des difficultés à m'alimenter. Mais il faut repartir. Après tout il ne reste plus que 130km et les encouragements de mes camarades furent ma bouée de sauvetage.

Le vent favorable nous accompagne dans la vallée de la Borrèze après Souillac, et jusqu'à Salignac (km205), notre troisième point de contrôle aux confins de la Dordogne, du Lot et de la Corrèze. La charmante épicière de la localité tamponne, avec le sourire, nos cartes de route. Quelques gâteaux secs et des gorgées d'eau avalés, nous voilà à nouveau sur nos montures pour rejoindre Sarlat-la-Canéda. Nous nous rapprochons de la rivière Dordogne et, au détour d'un cingle, nous apercevons sur les hauteurs, le village de Domme fondé au 13ème siècle.

A Cénac, je propose de faire une courte halte pour se détendre et reprendre quelques forces. Bien que l'arrivée ne soit plus très loin, je redoute le profil qui nous attend. Les jambes sont lourdes sauf peut-être pour Claude C. qui paraît "facile". Ce sympathique compagnon de route n'aura de cesse de nous accompagner, de nous précéder très souvent pour nous abriter et nous mener à bon port. Mes autres compagnons ont encore de l'énergie, à l'image de Bob, qui n'hésite pas à s'arrêter pour nous prendre en photo dans l'action, notamment dans la côte de Lavercantière et la côte du Loup.

Il immortalisera également le passage au col de Crayssac (291m) que nous allons dévaler pour nous lancer jusqu'à Luzech.

 
Bob
De gauche à droite : : Claude C. - Daniel A. - lo Bòb - Roger T. - Jean-Michel P.

Ce dernier point de contrôle est bien accueilli. Je suis heureux, comme mes camarades, d'être là. Même s'il reste vingt kilomètres à parcourir, dans nos têtes c'est comme si nous étions arrivés. Alors nous nous offrons un peu de détente autour d'un verre. Quel plaisir ! Merci Roger. La suite n'est qu'une formalité, sauf incident.

A la Barbacane les cinq autres cyclos sont déjà arrivés depuis quelques heures. Nous avons bouclé ce brevet à notre rythme et nous en sommes satisfaits. D'autant que les conditions climatiques étaient vraiment idéales  : pas de pluie, du soleil mais pas trop, du vent pas trop fort mais souvent favorable, une température agréable, même dans la partie nocturne. Le parcours était quand même exigeant et “casse-pattes”.

Je voudrais remercier le groupe dans son ensemble pour la bonne entente et la solidarité qu'il a manifestée à tout instant. Et puis félicitations à Bob, qui pour son premier 300km, s'en tire vraiment bien. Il entre dans le club des "routards".

Texte Daniel Arnaudet - Photos Robert Charrière