Notre Fédération - 09
Extrait du memento "Unité Histoire - FFCT 2007" publié avec l'aimable autorisation de la FFCT
1946-50 : difficile gestion d'une activité de loisir dans une France en pleine reconstruction | ||
La Fédération bénéficia de la pratique généralisée, par force, de la bicyclette mais il fallut gérer la pénurie, répartir les bons de pneus et de chaussures, faire du mieux possible avec des rentrées faibles et des subventions incertaines. Dans le contexte difficile, les volontaires pour venir donner un coup de main au siège étaient encore plus rares que dans les fastueuses années 38-39 où Jérôme se plaignait déjà. Le président fut souvent seul à décider. La Fédération reprit cependant des forces et concrétisa les projets établis pendant la guerre. André Schoup mit la dernière main au Brevet de cyclotourisme national, qui fut tout de suite un succès. Le Brevet fédéral populaire de 100 km fut plus long à démarrer, la Coupe de France, récompensant les clubs les plus actifs, aussi. Le fanion fédéral continua son périple interrompu à travers le pays. Les Semaines fédérales, abandonnées en 1933, reprirent et le Rallye de France fut inauguré pour aller à celle de Nice en 1947. Les Diagonales de France intégrèrent la Fédération. On sortit avec difficulté un modeste bulletin de quelques pages: La France cyclotouriste. Ces premiers numéros montrèrent l'impossibilité de redonner rapidement à la Fédération une revue qui soit digne de ce nom, dans le contexte financier fédéral et la pénurie de bonnes volontés. Le président Antonin préféra conclure un accord avec André Rabault, éditeur de la belle revue de Vélocio pendant les années 30. Par cet accord. "la partie Revue est dirigée par la rédaction ancienne du Cycliste qui a charge de maintenir la tradition Vélocio, la Fédération est représentée au Conseil de rédaction par son président (...) La Fédération n'a engagé aucune participation financière dans l'affaire" (lettre d'Antonin lue à l'AG de 1950). La seule obligation de la Fédération fut d'abonner chaque club. En contrepartie, deux pages étaient réservées aux informations strictement fédérales. Annonces de manifestations ou comptes rendus faisaient l'objet d'articles rédigés, dans la revue elle-même. En octobre 1946 parut le premier numéro du Cycliste-Cyclotourisme. Il devint en quelques années une très belle publication, mais la place restreinte dévolue aux informations administratives fut une constante source de contestations de la part des dirigeants. On publia en compensation un supplément ronéotypé qui devint dans la pratique l'équivalent de notre Bulletin fédéral. Cet accord donna satisfaction pendant plusieurs années et les cyclotouristes se félicitaient "d'une revue qu'on peut présenter à n'importe qui et qui constitue un véritable élément de propagande" (Mezoul, Congrès fédéral 1950). Le cyclosport commençait à devenir encombrant. Il était certes déjà présent dans les premières années de la FFSC: grimpées chronométrées, publication dans la revue fédérale, au début des années 30, des "records" établis sur les brevets... fédéraux ! Pendant la guerre, alors que les manifestations cyclotouristes se faisaient rares, les épreuves cyclosportives avaient prospéré dans la région parisienne. Maintenant, elles se multipliaient. Ces compétitions entre cyclotouristes ne correspondaient pas aux buts du cyclotourisme. Antonin était opposé au mélange des genres, il le dit clairement. Il signa avec la FFC un accord pour attribuer à celle-ci la gestion du cyclosport pratiqué par les clubs FFCT.Mais les cyclosportifs, premiers concernés, ne voulurent absolument pas avoir affaire à la FFC et entendaient que leur place soit reconnue au sein de la FFCT. La FFC jugea donc logiquement le protocole caduc. | Une commission FFCT fut alors constituée pour aider les intéressés à se gérer eux-mêmes, mais ceux-ci n'étaient pas pressés de se discipliner et ladite commission n'alla pas les chercher: le problème resta entier. Un second protocole avec la FFC fut établi grâce à l'entremise de monsieur Schoeters, vice-président de l'Alliance internationale de tourisme, avec cette fois pour objet la création d'une commission mixte cyclisme-cyclotourisme qui permettrait à la FFCT de siéger enfin à la commission de Cyclotourisme de l'AIT. Mais ce nouvel accord fut à son tour dénoncé par la FFC, la commission mixte disparut et nos espoirs d'entrer à l'AIT aussi. Dans le même temps, les maigres finances fédérales subirent un passage critique. Antonin s'en alarma. Ancien coureur cycliste autant que véritable cyclotouriste dans le sens le plus traditionnel du terme, il avait toujours pensé qu'une seule grande fédération était possible, et que l'argent de la compétition pourrait au besoin aider le cyclotourisme. Ses bonnes relations avec René Chesal, secrétaire de la FFC, le confortaient dans cette opinion partagée par le docteur Ruffier, personnalité du cyclisme et du cyclotourisme. Il soumit au Conseil son idée d'une union de la FFC et de la FFCT dans une sorte de confédération. Le Conseil l'approuva. Mais le Congrès du 14 janvier 1948 y fut totalement opposé. André de Boubers résuma l'opinion générale : "Tout sera préférable à un pareil accord dont nous serons victimes tôt ou tard". La solution de rechange : augmenter les cotisations, ne souriait, elle non plus, à personne. Pour renflouer la caisse fédérale, une cotisation volontaire exceptionnelle fut sollicitée, un pourcentage prélevé sur les engagements des organisations, au profit de la Fédération, fut suggéré. Ces louables intentions n'apportèrent pas de grandes ressources mais, quelque temps après, par la grâce d'une subvention opportune, la situation financière redevint normale. Antonin abandonna son idée, que rendait d'ailleurs maintenant impossible la rupture avec la FFC, laquelle complétait ses statuts pour y inclure le cyclotourisme. Arrivé à la retraite professionnelle et quittant Paris pour Bourg-en-Bresse, persuadé qu'on ne pouvait bien gérer la Fédération qu'en étant sur place, Antonin ne sollicita pas de nouveau mandat aux élections de février 1949. Ne payant pas le train, il avait pu sans grever le budget représenter la Fédération à de nombreuses manifestations cyclotouristes et porter la parole unitaire fédérale partout en France. Les finances étaient toujours serrées, mais saines. Jean Lambert, à peine élu au Conseil, fut choisi comme président, sans qu'il soit préparé à cette tâche et sans vraiment le souhaiter. En 1949, la FFCT fut enfin admise à l'AIT. Elle organisa au pied levé le concours technique d'Auvergne, qui ne fut pas une réussite en raison de la publication tardive du règlement puis de la chaleur. Au congrès de décembre, le cyclosport fut au centre des débats. Les dirigeants franciliens partisans de cette activité reprochaient avec véhémence à la Fédération de ne pas la prendre en compte, se heurtaient à l'embarras des uns et à l'opposition des autres. Lambert démissionna à l'assemblée générale de février 1950. Le secrétaire général Bégu, qui était ouvertement contre le cyclosport, également. |
AIT : Alliance internationale de tourisme
FFC : Fédération française de cyclisme
FFCT : Fédération française de cyclotourisme
FFSC : Fédération française des sociétés de cyclotourisme
FPC : Fédération pyrénéenne de cyclotourisme
TCF : Touring club de France
UVF : Union vélocipédique de France