Semaines fédérales

Publié le par Cahors CycloTourisme

Extrait du memento "Unité Histoire - FFCT 2007" publié avec l'aimable autorisation de la FFCT

La première
Charles Bernard, président du Cyclo-touring club varois de Toulon, décida d'organiser du 8 au 15 août 1927 le "Meeting de Castellane", qualifié par le Bulletin fédéral de "Première semaine de cyclo-tourisme". André de Boubers, président de la Fédération française des sociétés de cyclotourisme, l'aida de son mieux depuis Paris dans la mise au point de l'organisation. Après l'amertume du lâchage du Touring club de France dans le courant de l'année 1926, on sentait la nette volonté d'affirmer par une action médiatique significative la FFSC comme une fédération dynamique et représentative du cyclotourisme national.
André de Boubers raconta comment s'était déroulé ce premier rassemblement estival : "peu à peu, chaque jour, arrivèrent de nombreux amis de tous les coins de Provence, de Lyon, Grenoble, Montauban, Montpellier, Aubenas, Bordeaux, Marseille, des Alpes et des Cévennes, tant et si bien que nous fûmes bientôt plus d'une centaine". Il faut cependant relativiser : peu de participants furent présents toute la semaine. "Le logement était assuré dans les meilleures conditions.
  Tout entière la prison (monument historique) nous était affectée (...) Immenses garages, confortables chambres bien garnies de paille... "Confort rustique, mais apprécié. Des excursions étaient organisées, notamment au lac d'Allos, et au Grand canon du Verdon, le clou de la semaine, qui demanda... neuf heures de marche ! (Eh oui, la route touristique n'existait pas encore). Arriva le 15 août. Une grande randonnée jusqu'à Toulon clôturait la Semaine. Réveil à 4 heures, départ au petit jour sur les vélos soigneusement mis au point la veille. Longues côtes jusqu'au-delà de Comps. Descente sur une route défoncée pendant 22 km. Quelques accidents, "la plupart sans gravité, occasionnés par l'état extrêmement mauvais de la route". Puis le mistral, violent, enfin, l'arrivée à Toulon, où eut lieu la séparation. Pour ceux qui avaient encore le temps, le 16 août, une promenade en bateau paracheva en apothéose cette organisation. Tout le monde était satisfait.

Une pérennité difficile
Le mouvement était lancé: en 1928 la Fédération annonça une "Grande semaine de cyclotourisme" - le titre était pérennisé - à Brive. Prévue en juillet, elle eut de ce fait peu de succès. En 1929, ce fut Aubenas, et on revint pour la date aux alentours du 15 août. Les organisations suivantes n'obtinrent pas le succès espéré: c'est qu'on était encore loin des congés payés. Plusieurs essais décevants amenèrent la Fédération à se tourner vers l'organisation de meetings internationaux plus courts et plus médiatiques jusqu'en 1939. En 1943, une Semaine fédérale fut projetée en Auvergne et prématurément annoncée par la revue Cyclo-magazine, mais le programme arrêté par Barroz, attendu en vain fin juin, ne fut examiné et adopté par la commission de Plein Air qu'en novembre   et aucun document fédéral ne fit allusion - avant ou après - à cette semaine d'Aurillac: difficile donc de revendiquer qu'elle fut "fédérale", même si quelques cyclotouristes ont pu être appâtés par l'annonce de Cyclo-magazine et tourner leurs roues vers cette région. Une Semaine était au calendrier pour août 1944 en Dauphiné-Savoie, mais les événements en décidèrent autrement. Les Semaines fédérales repartirent laborieusement en 1945: 120 participants aux Eyzies. L'heure n'était guère aux vacances, mais la Semaine fut ensuite organisée régulièrement, avec des hauts et des bas, surtout des bas comme les effectifs fédéraux, tantôt en étoile, tantôt itinérante.

Le renouveau
En 1963, c'était la quatrième Semaine organisée par le dévoué Toulousain Albert Bures (un record): Saint-Antonin-Noble-Val, 514 participants recensés bien qu'il n'y paraissait guère (j'y étais):une remontée en flèche. Dortoirs improvisés, sans électricité, dans deux préfabriqués d'un cours complémentaire et toilette matinale aux lavabos en tôle émaillée de la cour. Pas de douche, bien entendu.
Qu'on était loin du confort des Semaines actuelles! À Digne (1964),|'organisation était bien meilleure et elle ne cessera de s'améliorer. Après, la si sympathique et comme toujours conviviale organisation de Gourdan-Polignan en 1975, on passa d'un seul coup, l'année suivante à Valence, le cap des 2 000 participants et du sponsoring.
  Depuis la fin des années 70, la Semaine fédérale est de plus en plus perçue et conçue comme une semaine de vacances familiales orientée vers la détente. Devant l'ampleur de la manifestation, un cahier des charges fut instauré. Rouen fut un nouveau tournant au niveau du partenariat. La participation ne cessa de croître jusqu'à atteindre 15 000 à Quimper en 2001. On décida peu après de plafonner les inscriptions à 13 000. Enfin, renouant avec un tourisme de visites que l'on avait depuis quelques années oublié pour le simple plaisir de rouler, on créa les "Cyclo-découvertes®", lesquelles ne sont rien d'autre que la façon dont on avait auparavant et depuis toujours conçu les Semaines.
 
Conclusion
L'organisation, bien rodée, est unique dans le monde sportif français. Quelques pâles essais d'imitation n'ont pas donné grand chose : ce qui fait la force de nos organisations, c'est le bénévolat. ll faut saluer bien bas les nombreuses personnes qui ont œuvré et qui œuvrent pour accueillir ces milliers de cyclotouristes, faisant de la Semaine fédérale le fleuron le plus médiatique et l'un des plus beaux de la FFCT. Mais il faut aussi être vigilant, garder à cet œuvre exemplaire, vitrine de nos valeurs, son âme et son originalité.

Chronologie des Semaines fédérales

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