Notre Fédération - 05

Publié le par Cahors CycloTourisme

Extrait du memento "Unité Histoire - FFCT 2007" publié avec l'aimable autorisation de la FFCT
 

1932-39 : les années glorieuses
Gaston Chotin succéda à André de Boubers. Il prit acte de l'impossible rapprochement avec le TCF, décida de l'ignorer désormais et se consacra au développement de la FFSC. L'Assemblée générale de février 1932 demanda une décentralisation des services intérieurs. On mit donc en place des commissions : Renseignements routiers, Renseignements hôteliers, Itinéraires, Conférences, Projections et photographie. Propagande, Librairies et cartes, Camping, Brevets d'endurance, Transports, Douanes. Une commission Technique fut chargée d'essayer les nouveautés et de donner son avis. Les Assurances et Contentieux bénéficiaient du concours d'un avocat-conseil. La Revue, d'abord sous la responsabilité de Jacques Oudart et Raymond Louis, fut ensuite gérée par une commission spéciale. Précédemment, de Boubers assumait beaucoup de tâches lui-même, empiétant largement sur les prérogatives du secrétaire et du trésorier. Ce qui était possible dans les débuts, efficace pour mener à bien rapidement des actions opportunes, n'était plus concevable avec une fédération qui avait grossi. Le secrétaire Jérôme et le trésorier Capel retrouvèrent leurs prérogatives et Chotin répartit le travail entre l'équipe qui l'entourait. La gestion de la Fédération, en ce temps de crise économique, fut plus rationnelle. L'accroissement des effectifs permit de créer davantage de comités régionaux : nos ligues.
Le concours de photographie de la Fédération fut un succès avec près d'une centaine de participants. Comme on aimerait qu'il en soit ainsi aujourd'hui ! Le meeting pascal 1932 à Pernes réunit beaucoup de monde, celui du Mans aussi, assorti d'un congrès fédéral. On mena campagne contre les pistes cyclables obligatoires. On introduisit le vote par correspondance des sociétés en 1933 : une réforme démocratique capitale. On mit l'accent sur la propagande pour le recrutement de nouveaux membres et de nouvelles sociétés afin d'augmenter les recettes nécessaires au développement des services. Ce but fit l'objet d'un "Grand concours national de recrutement fédéral" en 1933 (résultat: 200 membres individuels et quelques sociétés supplémentaires) ; cette action sera perpétuée sous différentes formes. Les relations de la FFSC avec les chemins de fer étaient et demeurèrent une préoccupation importante. Le Brevet Gaston Clément de Cyclotourisme fut créé en 1933 : une première partie de 50 km conduite par un capitaine de route, puis une partie libre de 100 km où le cyclo se débrouillait avec sa carte jusqu'à l'arrivée, gérant son allure, ses arrêts, ses visites. Ce brevet original ne disparut que dans les années 70-80. La FFSC tenta un rapprochement avec la Fédération cycliste indépendante du Midi en faisant entrer au Conseil d'administration son président Noël Cayol, un des fondateurs de la FFSC avec lequel on s'était par la suite trouvé en froid.
En 1934, la Fédération s'installa dans des locaux loués au 10, rue de Lancry (10e): deux pièces à l'étage et une grande salle de réunion. On sollicita les dons des adhérents pour les meubler. Gaston Chotin, qui avait des problèmes de santé, estima sa tâche terminée et se retira de la présidence. Pendant le peu de temps qu'il y avait passé, il avait su mettre de l'ordre dans la maison fédérale, écarter les "agités" et "coordonner les efforts" des "agissants", selon ses propos. Il avait fait preuve de sagesse et de finesse.
L'un des vice-présidents, Georges Nivoley de Gennes, homme pondéré et minutieux, fut choisi pour lui succéder. Il accepta par dévouement.
  Le conseil recruta aussitôt le premier permanent fédéral: Lacoste, cyclotouriste au chômage qui devint secrétaire administratif à temps partiel. Locaux et secrétaire furent salués comme un pas en avant considérable. Il furent suivis par l'achat... d'une machine à écrire, en janvier 1937, et l'installation dans des locaux plus spacieux dans le même immeuble. Ce fut l'époque des éphémères "Camps marins" fédéraux, une initiative du Narbonnais Perret, des pompeux "Rallyes internationaux", des "Fêtes de nuit" fédérales à Paris, avec variétés et bals. Dans un contexte économiquement difficile, l'engouement pour les activités de plein air était général. Le nombre de clubs affiliés passa à 92 en 1934. L'effort principal porta cette année-là sur la question hôtelière. Henri Cabrol devint secrétaire en remplacement de Maurice Jérôme qui souhaitait souffler un peu. La "carte fédérale" fut entérinée à l'assemblée générale de février 1935: désormais, outre les clubs, chaque sociétaire serait individuellement affilié, comme un membre individuel. Les bénévoles souffraient de l'afflux de travail, réparti entre une dizaine de camarades seulement. Les bonnes volontés étaient rares. Nivolley de Gennes se retira en mai 1936 et fut remplacé en octobre par Jérôme à la présidence.
On tentait toujours de faire aboutir le dossier de reconnaissance d'utilité publique. Chemins de fer, pistes cyclables, arrêts inopinés de la maréchaussée pour vérification de plaque fiscale, meetings divers, étaient le lot habituel des préoccupations. La gestion des différents brevets, y compris celui de Cyclo-camping, avait été confiée à des clubs. Les brevets fédéraux d'endurance avaient été supprimés pour ne plus faire concurrence à ceux de l'ACP avec lequel on s'était réconcilié. La revue bénéficiait d'un apport publicitaire - bien ciblé sur le cyclotourisme et le camping - de plus en plus abondant, elle totalisait 264 pages en 1937 et 348 l'année suivante. Un volumineux annuaire fédéral, œuvre du Cyclotouriste de Lyon, fut édité. Le travail administratif ne cessant de croître, une seconde secrétaire fut recrutée fin 1937. Suite à un référendum, le Conseil décida de regrouper administrativement les membres individuels, encore nombreux malgré la diminution due à l'instauration de la carte fédérale (850 en 1936), en une amicale ayant droit de vote. La Fédération s'intéressait de plus en plus au camping; mais une nouvelle idée voyait le jour: celle de "gîtes d'étape" ou "cyclo-relais" pouvant accueillir le cyclo de passage à peu de frais, ceci dans le prolongement des lois sociales et dans le même esprit que les Auberges de jeunesse alors en plein développement: "Le cyclo-relais, proprement dit, constitue un refuge dans une localité où se trouve un club, un délégué, un membre et comporte un local plus ou moins rustique, un minimum de literie, une poêle et un réchaud, table et bancs". Suite aux démarches engagées, la Fédération toucha en 1938 (au titre de l'année 1937) ses premières subventions de fonctionnement : 1 090 F du Conseil municipal de Paris et 595 F du Conseil général de la Seine. En 1938 s'y ajouta celle du ministère de l'Éducation nationale et le total monta à 40 000 F, c'était le Pérou ! La propagande s'intensifia : 200 000 tracts et 3 000 affiches furent imprimés. L'année 1939 commença bien, avec 210 sociétés affiliées et 3 permanents au siège. Une situation prospère qui suscita une timide intention de sponsorisation de la part de Rochet, gros industriel du cycle, éventualité discutée et fermement rejetée en assemblée générale. Tout s'annonçait donc pour le mieux et les projets pour 1940 s'accumulaient...
ACP : Audax club parisien
FFSC : Fédération française des sociétés de cyclotourisme
TCF : Touring club de France
UVF : Union vélocipédique de France
 

Publié dans FFCT Ligue Codep

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article