Notre Fédération - 06
Extrait du memento "Unité Histoire - FFCT 2007" publié avec l'aimable autorisation de la FFCT
1939 : le début des années sombres | ||
L'éclatement du conflit surprit les cyclotouristes. Beaucoup de dirigeants furent mobilisés. Le personnel du siège fut congédié. Jérôme et quelques conseillers continuèrent à se réunir et entretinrent un semblant d'activité administrative. La revue fut réduite à quelques feuillets d'information sans publicité. Le gouvernement qui s'était installé à Vichy entreprit de réorganiser le sport. Les différentes fédérations cyclistes devaient disparaître et leurs membres et sociétés seraient rassemblés dans une Fédération française de cyclisme dirigée, en fait, par l'ancienne UVF. À la fin de 1940, rien d'officiel n'était encore advenu ; la présidence de la FFSC fut transmise en Zone libre à Maurice Roux, membre du Conseil. Celui-ci organisa la résistance à l'intégration forcée. À défaut de déplacer les foules, le petit comité de la Zone libre remua beaucoup d'air, ce qui était aussi efficace. René Touzet, de Roanne, fit le siège du service des Sports à Vichy pour expliquer inlassablement - et avec véhémence - que les cyclotouristes devaient demeurer libres dans leur propre fédération. Cependant, en Zone occupée, l'UVF-FFC mettait sur pied en mai 1941 une commission de Cyclotourisme, nullement officielle mais qui agit comme si elle l'était. Le président en était Petiot, (UVF), le vice-président Oudart (FFSC). On trouvait dans cette commission plusieurs membres du Groupe montagnard parisien comme André Rabault, qui avaient occupé des fonctions à la FFSC avant la guerre mais avaient fini pour diverses raisons par devenir des opposants. Charles Antonin fit son apparition à la seconde réunion. C'était un ancien coureur qui s'alignait encore dans quelques compétitions sur piste pour se faire plaisir mais pratiquait réellement le cyclotourisme, dans l'esprit et avec le matériel adéquat. Il se montra bientôt comme l'un des plus actifs et devint vice-président | La commission s'employa à bâtir des structures avec une absence criante de moyens, à essayer de regrouper des clubs dont la grande majorité traînait les pieds. Bref, malgré le succès d'une fête du cyclotourisme qui rassembla environ 1500 personnes, son action fut pour tout dire dérisoire, dans le contexte de pénurie et de désorganisation générale du moment. Antonin remplaça Petiot démissionnaire en 1942 et, diplomate, sut rallier quelques responsables de la FFSC. Ainsi André Poge, personnalité en vue de la Fédération, rejoignit la FFC, collabora avec la commission et accepta même d'organiser une Semaine Fédérale dans la région d'Angers, prévue du 14 au 21 août. Mais c'était un peu trop compter sans les difficultés du moment. Hors des réunions de la commission, où en était le cyclotourisme ? Les cyclotouristes purs et durs, opposés à l'intégration à la FFC, commençaient à se regrouper en Zone occupée dans un club des Campeurs touristes français et en Zone non occupée dans l'association dite "philosophique et littéraire" Les Amis de Vélocio. Les clubs ne s'affiliaient pas ou peu à la FFC. René Touzet se démenait pour l'indépendance des cyclotouristes. La FFSC n'était toujours pas dissoute. Les démarches et les péripéties se succédaient. Puis des changements survinrent au ministère chargé des Sports et le colonel Pascot, camarade de jeunesse de Touzet, eut la responsabilité de la Charte des sports. Il savait que l'opération d'intégration des cyclotouristes à la FFC était un bourbier, il ne pouvait ignorer le contournement des textes administratifs opéré par les CTF et les Amis de Vélocio, il avait fini par se convaincre que les cyclotouristes étaient des irréductibles gérables seulement par eux-mêmes. Il leur accorda enfin leur propre fédération. Et nous devons une fière chandelle à René Touzet. |
CTF : Campeurs touristes français
FFC : Fédération française de cyclisme
FFSC : Fédération française des sociétés de cyclotourisme
TCF : Touring club de France
UVF : Union vélocipédique de France